II En pratique

II.1 La méthode de travail
 
 

On essaye donc de définir un ensemble de sons "essentiels", parallèlement à un ensemble de termes eux aussi "essentiels".
Pour se faire, on commence par se former une bibliothèque de sons aussi intuitivement variés que possible, en grand nombre.
Puis on tente de rassembler, à partir de diverses sources, une liste possible de catégories, et une liste possible de descripteurs correspondant aux catégories en question.

Enfin, on met à l'épreuve cet ensemble de catégories-descripteurs face à l'ensemble de sons dont on dispose.

Les catégories presque jamais utilisées sont supprimées.
Les catégories manifestement manquantes sont rajoutées.
Le but est donc de cerner les catégories qui seront les plus "universelles".

A l'inverse, n'importe quel son doit pouvoir être correctement décrit en utilisant ces catégories.
 
 

II.2 Application de cette méthode de travail
 

On a commencé par tester, sur un ensemble de 100 sons, les catégories suivantes :

*Excitation
*Traits perceptifs (brillant agressif  etc.)
*Espace (incluant largeur d'image et espace acoustique)
*Rapport aux onomatopées
*Evolution dynamique
*Evolution mélodique (ou spectrale)
*Eventuellement représentations iconiques du déroulement temporel

A la suite de quoi on s'est aperçu que :

-> "Traits perceptifs" était en même temps trop généraliste et jamais utilisé
-> "Rapport aux onomatopées" n'était jamais utilisé
-> Il manquait une catégorie "le son possède-t-il une (des) hauteur(s) musicale(s) perceptible(s) ?"
-> Le terme d'évolution spectrale est impropre car à part sons extrêmes, on ne peut entendre facilement une évolution spectrale
-> Le terme d'évolution subjective des hauteurs est par contre adapté, même s'il n'y a pas de hauteur au sens musical percetible dans le son
-> Les représentations iconiques sont extrêmement pratiques

Et puis, il y a des catégories utilisables pour tous les sons, tandis que d'autres, indispensables pour certains sons, restent peu utilisées.
Il convient alors de distinguer des catégories "requises", dans l'autre sens "toujours utilisables", et des catégories "facultatives", dans l'autre sens  "parfois utilisables".

On élabore alors un nouvel ensemble de catégories.
 

Quelques tests de ce genre plus tard, on se retrouve avec les catégories  suivantes - résultats temporaires  :
 
 

Catégories requises :
 

Attaque : progressive, douce, nette, dure, complexe

Evolution dynamique après attaque : représentée par les icones , et  - juxtaposition horizontale possible.

Evolution des hauteurs après attaque : représentée par , et , - juxtapositions horizontale et verticale possibles.

"Harmonicité" : y a-t-il une (des) hauteur(s) musicale(s) perceptible(s) ? - oui, coloré, non, si oui quelle(s) note(s)
 

Catégories secondaires :
 

Espace : comprend espace acoustique et largeur de l'image stereo ; image large -  reverb hall, room, autre, ou extérieur

Effets - hors reverb : compression, flange/chorus, doppler - quand vraiment l'utilisation du (ou reference au) traitement est évidente

Excitation / matériau : les termes de loin les plus utilisés, pour ne pas dire les seuls, sont choc et métal

"Semblable à " : tout ce qui concerne la causalité, supposée ou réelle

Couleur spectrale générale : le son est-il spécialement sourd ? spécialement médium ? etc.

Périodicité : le son possède-t-il une périodicité interne ? si oui, tempo ?
 

Catégories indispensables mais encore mal définies :
 

Concernent les informations de "texture" - infos à petite échelle.

Deux catégories distinctes sont pour l'instant proposées :  on pourrait les nommer "grosseur du grain" et "dureté du grain".

Par exemple, voici une gradation du "grain" le plus petit au "grain" le plus gros :

son 1 - son 2 - son 3 - son 4

Et du "grain le plus dur" au "grain le moins dur" :

son 1 - son 2 - son 3 - son 4
 
 

II.3 Remarque au sujet de l'utilisation de telles catégories
 

A la lecture du paragraphe précédent, on peut se poser la question suivante : mais comment justifier théoriquement un tel choix de classification ?

La réponse est qu'on ne le justifie pas de cette manière : rappelons que le problème est ici de dégager des traits perceptifs fondamentaux, et par écho des sons "essentiels".

En aucun cas, on ne cherche donc à élaborer un système de classement qui comprendrait de façon exhaustive et rigoureusement structurée toutes les catégories théoriquement possibles.

Il faut avant tout aboutir à une organisation la plus fonctionnelle qui soit, celle qui soit la plus pratique - c'est pourquoi la justification expérimentale est préférée ici à la justification théorique.