Jérôme CLER Musique
et Musiciens de Villages en Turquie méridionale (Régions
d'Acipayam et Çameli, Denizli),
361 p., 34 fig. + cassette enregistrée.
Thèse de doctorat de l'Université de Paris X-Nanterre
(Département d'ethnologie et de sociologie comparative), soutenue
le 12 janvier 1997.
Directeur de thèse : Jean During
Ce travail, qui s'essaie à décrire un territoire
musical dans sa singularité, procède d'abord du paysage
dans lequel s'inscrit la musique pour aborder ensuite les modalités
sociologiques de la pratique musicale, puis les caractéristiques
générales du répertoire à travers la technique
instrumentale du üçtelli, petit luth à trois cordes.
Lieu : les contreforts du Taurus occidental, un arrière-pays
de montagnes et de plateaux, entre la vallée méditerranéenne
du Menderes au nord, et la côte lycienne au sud. Il s'agit d'une
région de yayla, pâturages d'été de pasteurs
semi-nomades qui ont été progressivement sédentarisés,
du XIVe siècle à nos jours, et dont certains ont abandonné
la vie pastorale.
Sources : paysans et bergers musiciens d'ascendance nomade, nés
pour la plupart avant 1930, et leurs enfants.
Époque de la recherche : séjours répétés
entre 1991 et 1997. Tout d'abord, les approches géographique
et historique sont reliées aux représentations des musiciens-informateurs.
Ensuite, à partir des cadres du temps vécu, et pour rendre
compte des circonstances de la pratique musicale, sont décrits
les divers aspects du "sens de la fête". Alors seulement
est abordée la musique proprement dite, d'un point de vue théorique
(rythme, matériau mélodique), puis pratique (technique
instrumentale, répertoire) : les catégories de l'analyse
musicale émanent directement de la collaboration entre l'ethnomusicologue
et ses informateurs. Le souci de l'auteur fut d'articuler les éléments
de la description à la trame conceptuelle qui les sous tend.
L'étude des formes renvoie à des affects territoriaux
chants d'exil exprimant l'attachement au pays natal, danses territorialisantes
au point que se dessinent des paysages musicaux, en quelque sorte une
géo-musicologie. La musique exprime ainsi la sociologie particulière
de cette société d'ascendance nomade, son rapport à
la terre, et son identité fragile et vouée au secret.
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