Traitement des informations multisensorielles en réalité virtuelle :

application à la psychopathologie

 
 
 

Equipe principale
UMR 7593
Vulnérabilité, Adaptation et Psychopathologie
 
Isabelle Viaud-Delmon

 
Programme Interdisciplinaire

Cognition et Traitement de l'Information
Equipe partenaire
Ircam-UMR 9912
 
Olivier Warusfel

 

 
 
Différents projets de création, notamment les "installations sonores" proposent d'immerger les visiteurs dans une scène imaginaire qui prolonge l'espace réel dans lequel ils évoluent. Que la diffusion soit collective (haut-parleurs), ou individualisée (casque avec suiveur de position), cette situation de réalité augmentée pose la question de la mise en cohérence entre les événements sonores incrustés et les perceptions visuelle et kinestésique de l'individu liées à son évolution dans la scène réelle. On s'intéresse en particulier aux possibilités de distorsions et de conflits entre les différentes modalités de perception de la distance et de l'effet de la salle dans le cadre de scènes interactives.

Ces applications mettent en jeu les mécanismes de perception de l'espace impliquant une nécessaire coordination de plusieurs modalités sensorielles. Pour aborder ces questions, l'équipe s'associe avec le laboratoire Vulnérabilité, Adaptation et Psychopathologie du CNRS (UMR 7593) qui s'intéresse aux troubles de la perception de l'espace. Ce laboratoire a déjà acquis une expérience dans l'étude des conflits sensoriels comme moyen pour comprendre la façon dont différentes modalités se combinent pour donner lieu à un percept unique, en particulier dans des situations mettant en jeu des mécanismes visuo-vestibulaire.
 

Responsable du Projet : Isabelle Viaud-Delmon (UMR-7593)


 
 

Résumé du projet

La perception de l'espace doit être coordonnée au travers de plusieurs modalités sensorielles. L'un des moyens pour tenter de comprendre comment ces différentes modalités se combinent entre elles pour donner lieu à un percept unique est d'étudier la façon dont le SNC réagit lorsque deux sens fournissent des informations contradictoires. L'étude des conflits sensoriels représente ainsi une approche des principes d'organisation multimodale. Appliquée à la psychopathologie, elle permet d'envisager différemment la symptomatologie sensorielle vertigineuse et son corrélat cognitif de déréalisation. Afin d'étudier líhypothèse de líexistence díun conflit sensoriel à l'origine de la symptomatologie des troubles relatifs à la perception de l'espace, les dispositifs de réalité virtuelle constituent un outil de recherche de choix : tout en générant des stimulations sensorielles complexes, ils fournissent des mesures du comportement des sujets soumis à ces stimulations.

Cependant, si la réalité virtuelle permet une interaction expérimentalement contrôlée avec un environnement, son caractère pauci-modalitaire suscite de facto la nécessité d'une adaptation de la part du sujet. Les modalités sensorielles non visuelles, et en particulier l'audition, sont actuellement peu représentées dans les mondes virtuels qui restent essentiellement des mondes visuels. De plus, l'immersion d'un sujet dans un environnement virtuel soulève un problème théorique : il lui est en effet demandé d'adhérer à un nouveau cadre de référence distinct du monde réel. Il s'agit d'une déréalisation induite qui pose plusieurs types de questions. Notamment, il est légitime de se demander dans quelle mesure le sujet exposé au monde virtuel est réellement capable de complètement dissocier deux cadres de référence, ou si au contraire les comportements suscités lors de líimmersion persistent lors de la réintroduction dans le monde réel. Au plan psychopathologique, la question de la dangerosité de ces phénomènes se pose en terme de facteur de risque pour l'émergence d'états mentaux pathologiques.

Dans ce projet, la réalité virtuelle représente par conséquent un dispositif expérimental mais également un objet d'étude : les conflits sensoriels expérimentalement contrôlés constituent un paradigme d'approche des mécanismes de déréalisation en psychopathologie. Nous comptons ensuite, à côté des populations d'anxieux et de dysthymiques sensibles à la déréalisation, étudier des sujets dépourvus de pathologie mais présentant des traits de personnalité connus pour être des facteurs de vulnérabilité à la déréalisation. En particulier, nous nous intéresserons au trait de distorsion perceptive comme trait candidat pertinent dans les mondes virtuels. Un tel programme est permis par la collaboration entre une équipe travaillant dans les STIC et une équipe des SDV et permettra de mieux cerner les risques de décompensation psychiatrique liés à l'abus de l'utilisation de la réalité virtuelle. Au-delà des attendus dans le domaine de la psychopathologie, ce programme approfondira les connaissances sur les interactions entre líaudition et les autres modalités sensorielles et fournira des guides précieux pour líélaboration díoutils et díinterfaces associés aux programmes de spatialisation de sons.