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L'installation |
L'installation "Réflexions", mise en place lors du festival Résonances à l'Ircam, est une installation purement sonore, sans support visuel.
Elle utilise des techniques de diffusion novatrices, comme l'Audio
Spotlight et le Cube.
Ces haut-parleurs très particuliers sont utilisés soit pour leur
effet propre, soit pour l'interaction qu'on peut obtenir en les utilisant simultanément.
L'installation se trouvait au niveau -3 du batiment Recherche de l'Ircam, comme on peut le voir sur le schéma d'implantation.
La musique |
L' installation se base sur une musique originale d'Emmanuel Deruty & Pierre-Yves
Macé, d'une durée d'environ 15 minutes.
Cette pièce se compose de six parties distinctes, parfois articulées
par des interludes basés sur la première partie.
* Structure
Chaque partie met en scène des timbres très différents.
Partie I : piano stylisé et percussions métalliques
aigues, avec récitant radiophonique fictif
Partie II : marimbas stylisés et bruits de fond d'origine
électrique
Partie III : oscillateurs électroniques suivant des
structures rythmiques très découpées
Partie IV : sons métalliques graves et instruments organiques
stylisés dans un très grand espace acoustique
Partie V : ostinato tonal de cordes et programmation batterie
filtrée, avec récitant fictif
Partie VI : clarinette naturelle sur un ostinato de piano et
vibraphones stylisés
* Ecriture
On s'est largement basé sur la technique dite de "contrepoint faible".
L'appellation de cette technique d'écriture polyphonique provient de
"contrepoint" au sens classique du terme et de la notion de "forme
faible".
Les formes faibles - comme on a pu l'écrire lors d'un rapport décrivant une approche particulière de la notion de traitement audio :
"Formes fortes / formes faibles"
Ces termes, empruntés à Michel Chion, sont une formulation différente
d’une notion immédiatement dérivée de la notion d’ordre/désordre
à une échelle donnée. Une forme forte est, à une
échelle donnée, une forme reconnaissable, identifiable.
Un carré est une forme très forte. Une répartition aléatoire
uniforme, est, observée de loin, une forme très faible.
Dans un contrepoint faible, les liens organiques ( temporels, structurels... ) entre les voix sont présents mais flous, peu rigoureux.
Cette forme d'écriture vise à l'obtention d'une très grande richesse perceptive dans le cadre de l'écriture polyphonique.
Deux exemples très typés de contrepoint faible, l'un pris dans
une musique d'Emmanuel Deruty, l'autre
dans une musique de Pierre-Yves Macé.
( - Exemples en Real Audio
8+, streaming 176kbs - pièces complètes en ligne sur 1-1-1-1.net
)
Techniques de spatialisation |
On peut voir sur ce schéma d'implantation
( vue de haut ), le principe d'émission de chaque source.
Différentes techniques de spatialisation ont été utilisées
en rapport avec l'écriture musicale ; voyons quelles sont les plus notables.
* Techniques d'utilisation du Cube
Le Cube a beaucoup été utilisé en approche volume, dans le but de créer un halo non ponctuel, représenté par les hachures sur le schéma.
Dans la partie III, par exemple, on peut trouver une polyphonie dans laquelle des oscillateurs très précis et ponctuels sont dirigés vers la zone d'écoute 1, tandis qu'une nappe plus diffuse est projetée en approche volume. Ce contraste est accentué par une reverb de type hall sur la nappe, alors que les oscillateurs sont dry.
Un autre exemple de polyphonie d'espaces avec le Cube ( dans la partie V )
:
La voix du récitant fictif, passée dans un large hall, est projetée
vers le mur, créant un espace lointain derrière le Cube.
Les cordes sont dans le même temps diffusées en dipôle horizontal
légèrement vibrant, créant un espace très diffus
et peu localisable.
Au chapitre "extrême", dans la partie VI, les pianos et marimbas
sont diffusés en dipôle horizontal, lequel est animé d'une
vibration très ample.
Ce qui crée un effet très particulier de vibrato spatial, une
sorte d'effet Leslie très vintage, qui s'accorde avec le son de piano
lui même traité en "vieux piano".
* Principe de séparation de timbres et d'espaces
Prenons l'exemple de la partie I - cette partie met en scène, entres
autres, des percussions métalliques.
Ces percussions métalliques sont routées en même temps
vers les trois sources :
- Le HP standard retranscrit le son fidèlement
- Le cube émet en dipôle rotatif, ce qui occasionne au niveau timbres
un coupe bas de 6dB/oct sur tout le spectre et au niveau espace un flou mobile
peu localisable
- L'ASL projette ponctuellement sur le panneau les percussions quasiment coupée
en dessous de 2kHz
En effet, l'AudioSpotlight étant un haut-parleur expérimental, il conserve quelques inconvénients, dont le fait qu'il coupe très sévèrement en dessous de 2kHz...
Cet exemple est doublement intéressant, car il illustre deux principes souvent utilisés lors de cette installation :
- La séparation de timbres
Un même son se retrouve "réparti" spectralement sur différents
haut-parleurs. Le mot "réparti" est mis entre guillemets -
le principe n'est pas de diviser le son en trois bandes exactement distinctes
comme cela se fait dans un HP trois voix, ce qui créerait des sons mobiles.
Le principe est de créer des sons mouvants, dont la richesse
timbrale est traduite en richesse spatiale - ces sons deviennent plus "larges"
et acquièrent un mouvement interne.
- La séparation d'espaces
On peut voir que les trois sources rayonnent de manière très différentes.
Cette complémentarité d'espaces donne à l'installation
une propriété de diffusion non uniforme, ce qui participe
à la richesse perceptive de l'ensemble : suivant la position de l'auditeur,
l'aspect "plastique" de la musique est très changeant.
On peut trouver plus de détails concernant ces deux techniques dans le dossier sur la diffusion multisources.