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Modèles de guide d'onde

Guide d'onde acoustique sans perte

Contrairement aux modèles précédants où la démarche consistait à approcher au mieux des solutions inaccessibles au calcul algébrique et exactes du système complet, les modèles de guides d'onde discrétisent directement la solution exacte dans le cas de modèles simples. Les modèles plus complexes sont fabriqués par concaténation ou par raffinement successif du modèle de guide d'onde original. On doit la théorie des guides d'onde, appliquée à la synthèse des instruments de musique au professeur J.O. Smith, de Stanford au début des années 1980. Les nouveaux synthétiseurs du commerce dits instruments virtuels (VL1 de Yamaha, Korg Prophecy, Technics WSA1 ...) sont en fait des réalisations industrielles basées sur la théorie des guides d'onde.

Le modèle acoustique le plus simple dont les solutions exactes sont facilement accessibles correspond à la propagation du premier mode transverse d'une onde acoustique dans un tube monodimensionnel (guide d'onde acoustique) sans perte. Le système est régi par l'équation des ondes (19). Dans un tel système, il est toujours possible de décomposer la solution par la superposition d'une onde dite aller et d'une autre onde dite retour. Si les réflexions terminales ne sont pas prises en compte, le système se comporte comme un retard pur pour chacune des ondes aller et retour. Le retard correspond au temps nécessaire à un paquet d'onde pour se propager d'un bout à l'autre du guide d'onde à la célérité c. L'implémentation pratique de ce modèle correspond au schéma  de la figure 8.   La prise en compte des conditions aux limites correspond à introduire des coefficients des réflexions et de transmittances aux extrémités du guide d'onde. L'implémentation des conditions aux limites se fait conformément à la figure 9 avec le coefficient R de réflexion et T de transmittance. D'un point de vue numérique, quand le retard introduit par le tube est proportionnel à la période d'échantillonage des signaux alors la solution calculée est exactement égale à la discrétisation de la solution originale.

   figure756
Figure 8: Modèle de guide d'onde sans perte

   figure801
Figure 9: Modèle de conditions aux limites, vues du milieu 2

Physiquement, les coefficients de réflexions sont toujours inférieurs en module à 1. Dans le cas contraire, c'est à dire si l'onde réfléchie est amplifiée à chaque réflexion, cela signifie que les conditions aux limites rajoutent de l'énergie  au système au lieu d'en dissiper comme c'est le cas habituellement. Numériquement, cela correspond à utiliser un système qui est susceptible de diverger.

Systèmes avec pertes

  La prise en compte de modèles complets, incluant par exemple des pertes visco-thermiques ou le rayonnement dans l'espace du champs acoustique par le pavillon, n'aboutit pas à une solution analytique explicite. Toutefois l'utilisation de transformées de Fourier et des développement limités permettent d'obtenir des expressions linéaires. Donc au premier ordre, tout s'interprète comme des interconnections de guides d'onde sans pertes, et au second ordre, par des filtres dynamiques, c'est-à-dire par des termes qui dépendent de la fréquence. Or il est connu que la multiplication par un terme dependant de la fréquence dans le domaine spectral (de Fourier) correspond à une convolution dans le domaine temporel, c'est à dire, en terme de traitement de signal à un filtrage.

Les modèles physiques traitées en traitement de signal, sont en fait des modèles qui reproduisent la structure fondamentale du système acoustique en terme de propagation d'ondes, et qui approximent le système physique dans ses détails fréquenciels.

Modèle de Karplus-Strong

Le modèle de Karplus-Strong est une implémentation particulière des guides d'ondes sans pertes. Cela correspond à observer l'onde retour dans un guide d'onde acoustique de longueur tex2html_wrap_inline2528 avec comme conditions aux limites une réflexion totale à une extrémité du guide, et un coefficient de réflexion g à l'autre extrémité du guide (voir figure 10).

   figure871
Figure 10: Modèle de Karplus-Strong

Ce modèle fut utilisé à l'origine pour simuler le fonctionnement d'une corde. En effet, en négligeant la constante de raideur de la corde, en ne considérant que le mode de transmission transverse des ondes (c'est-à-dire en négligeant les ondes de pression qui se propagent longitudinalement dans la corde, ainsi que le couplage des deux modes qui se propagent sur le plan transverse de la corde), on aboutit au même système d'équations que celui qui régit la propagation des ondes acoustiques dans le milieu aérien, à l'exception de la célérité de l'onde qui dépend à présent de la tension de la corde.     Les conditions aux limites correspondent pour une extrémité à une réflexion totale c'est à dire à une fixation rigide de la corde sur le sillet et pour l'autre extrémité ( tex2html_wrap_inline2542 ) à une réflexion presque totale sur le chevalet qui n'est pas complètement rigide et qui transmet une partie de la vibration à la table d'harmonie (et réciproquement).

  L'utilisation pratique du modèle consiste à initialiser les deux lignes à retard en fonction des conditions initiales de position et de vélocité de la corde. Pour une corde pincée, la position initiale est une position sans vélocité initiale. Cela correspond sur le modèle éclaté à des valeurs initiales dans les deux lignes à retard égales. Dans le modèle compact, cela correspond à une initialisation antisymétrique de la ligne à retard. Pour les cordes frappées, la positions initiale est la position au repos. Donc les valeurs initiales des deux lignes à retard du modèle éclaté sont opposées. Cela correspond à une configuration symétrique pour les valeurs initiales de la ligne à retard du modèle compact.

Dans les deux cas, l'entrée du système reste habituellement à zéro. Cela correspond physiquement à un découplage, artificiel, de la table d'harmonie et du chevalet avec la corde. Physiquement, le couplage entre la corde et le système résonateur est très faible et donc négligeable.

  D'un point de vue numérique le système s'interprète comme un filtre linéaire appelé filtre en peigne dont les propriétés sont bien connues. La fonction de transfert entrée-sortie du filtre est tex2html_wrap_inline2544 .

equation947

La réponse impulsionnelle du filtre en peigne est un signal en peigne: tex2html_wrap_inline2546 , zéro ailleurs. La réponse en fréquence présente m pics situés en rapports harmoniques, répartis sur tout le spectre, qui correspondent à 2m pôles (complexes conjugués) répartis régulièrement sur le cercle de rayon g. Ce filtre atténue toutes les fréquences, sauf les fréquences multiples entières de tex2html_wrap_inline2554 ( tex2html_wrap_inline2556 : fréquence d'échantillonage) qui ne sont que faiblement atténuées.

  Une analyse modale du système physique correspondant aboutit aux mêmes conclusions. Le système physique dispose d'une infinité de modes, de fréquences multiples de la fréquence fondamentale tex2html_wrap_inline2558 . La limitation du nombre de mode dans le modèle numérique correspond à l'hypothèse de limitation de la bande du signal d'entrée: le signal en entrée est supposé être à bande limitée et donc ne possède pas d'énergie au-dela de la fréquence de Nyquist (i.e. la demi-fréquence d'échantillonage), donc les modes supérieurs du système ne sont pas excités, donc il n'est pas utile de les représenter dans le modèle numérique.

Pour comprendre les conséquences de l'initialisation de l'état de la ligne à retard, il suffit de constater que tout se passe comme si aux instants tex2html_wrap_inline2560 , les valeurs initiales de la ligne à retard étaient séquentiellement entrées dans le filtre. Donc l'observation du déplacement du chevalet correspond exactement à ce que l'on obtiendrait en sortie du filtre s'il était excité, sur une période de m échantillons par un signal correspondant au déplacement initial (et à la vélocité initiale) du système. Cela correspond donc à exciter certains modes du filtre.

Limitations et amélioration du modèle

  Dans un premier temps, il faut noter qu'il reste idéaliste que de supposer que les conditions aux limites n'introduisent pas de pertes dans le système. En général, les pertes qu'introduisent les conditions aux limites se manifestent à haute fréquence. En effet, les mesures expérimentales de coefficients de réflexion (en fait d'impédance mécanique) sur le rayonnement des instruments à vent ou le mouvement du chevalet pour les instruments à corde présentent toujours le même profil passe-bas. Cela conduit à remplacer dans le modèle (voir figure 11) le coefficient g par un filtre passe-bas. Le système numérique, dissipatif à autre fréquence, le plus simple à obtenir à partir de ce modèle s'obtient en utilisant le plus simple des filtres passe-bas: tex2html_wrap_inline2573 . On obtient alors le modèle complet de Karplus-Strong. Ce modèle très simple permet d'obtenir des synthèses de sons de cordes très convaincant.

   figure964
Figure 11: Modèle complet de Karplus-Strong

Il n'est pas toujours possible de pouvoir supposer que les pertes aux limites se manifestent forcément comme le filtre tex2html_wrap_inline2573 . Pour obtenir un système plus proche de la réalité, il faut faire des mesures acoustiques des coefficients de réflexion sur un instrument et en déduire le profil du filtre passe-bas requis.

Dans tous les cas, le rajout d'un filtre passe-bas dans la boucle de rétro-action a pour effet d'atténuer tout à la fois le gain et la fréquence des résonnancesgif (fig. 12). On constate alors une certaine inharmonicité dans la répartition des modes de résonnance du système . Cette inharmonicité correspond physiquement à l'effet de la réactivité du chevalet (ou du pavillon) à haute fréquence.

   figure1026
Figure 12: Déplacement des pôles

Il existe en général d'autre sources de pertes, en particulier des pertes réparties sur toute la géométrie du système oscillant. Par exemple dans les cordes, les pertes se manifestent également dans le terme de raideur qui empèche la corde de se plier indéfiniment; dans les tubes acoustiques, les pertes se manifestent sous formes viscothermiques, qui traduisent des effets de frottement visqueux et d'échange thermique important entre les couches du fluide en oscillation dans le tube et les parois rigides et froides du tube (voir chapitre 2.4.8). Là également, les pertes influencent la propagation des ondes essentiellement à haute fréquence. Il est très couteux en temps de calcul de tenir compte du caractère réparti des pertes dans un modèle de guide d'onde, puisque cela revient à répartir m filtres à l'intérieur de la ligne à retard tex2html_wrap_inline2581 . En approximation faibles pertes, il est toutefois possible de factoriser tous les termes de perte répartis sur tout le guide d'onde en un seul terme de perte localisé en bout de guide d'onde. Dans ce cas, cela revient à modifier le filtre passe-bas évoqué précédemment par un nouveau terme tenant effectivement compte des pertes réparties.

En résumé, le choix habile du filtre passe-bas dans la boucle de rétro-action permet de reconstituer l'effet des pertes dans le guide d'onde et de simuler ainsi l'amortissement  plus rapide des partiels de haute fréquence par rapport à ceux de basses fréquence que l'on observe dans la plupart des système acoustique en régime libre.

La seconde limitation du modèle relève de la quantification de la longueur de la ligne à retard. En effet, une fois la fréquence d'échantillonage choisie dont le choix est en général imposé par des critères technologiques (32kHz, 44.1kHz ou 48kHz), la longueur du tubes (ou de la corde) est quantifiée. Par exemple à 32kHz, le pas d'échantillonage spatial pour un tube dans les conditions standarts de pression et de température est de l'ordre du centimètre. C'est l'expression d'une relation d'incertitude . Ce niveau de précision est incompatible avec les exigences des facteurs d'instrument ainsi qu'avec la précision de notre perception auditive. Pour palier cet inconvéniant, il est nécessaire d'implémenter numériquement des dispositifs interpolateurs qui permettent de simuler des retards fractionnaires.

Retards fractionnaires

Nous ne rentrerons pas dans les détails d'implémentation des retards fractionnaires. Dans les grandes lignes, pour un retard réel d, cela consiste à réaliser un filtre dont la réponse en fréquence est idéalement tex2html_wrap_inline2590 . Parmi toutes les directions qui s'offrent à nous pour approximer ce filtre, nous n'en retiendrons que deux: les filtres interpolateurs de Lagrange et les filtres passes-tout. Comme il est inacceptable pour un modèle physique que le retard introduise de l'énergie dans le système, le gain en fréquence du filtre doit constamment être inférieur au gain unitaire.

   figure1039
Figure 13: Modèle étendu de Karplus-Strong

        Les filtres interpolateurs de Lagrange dérivent des fameux polynômes interpolateur de Lagrange. Par exemple le filtre passe-bas de transformée en z tex2html_wrap_inline2573 correspond au filtre interpolateur de Lagrange d'ordre 1 réalisant le retard d'un demi-échantillon. En effet, ce filtre réalise la demi-somme de deux échantillons successifs à chaque échantillon, donc on conçoit facilement que ce filtre réalise l'interpolation linéaire centrée entre deux échantillons, ce qui correspond à retarder l'ensemble du signal d'un demi-échantillon. Une interpolation quadratique entre 3 échantillons conduirait à un filtre linéaire d'ordre 2. Les propriétés de ces filtres sont les suivantes:

 Les retards fractionnaires passe-tout découlent de la réflexion suivante: le filtre idéal est passe-tout, donc il est judicieux d'approximer ce filtre idéal dans l'espace des filtres passe-tout. De plus, les filtres passe-tout sont facilement caractérisables puisque leur transformée en z est toujours de la forme tex2html_wrap_inline2600 , où P est un polynôme d'ordre n. Par exemple pour l'ordre 1, on obtient:

equation1086

Les propriétés remarquables de ces filtres sont les suivantes:

En résumé, dans le cas où le retard (la longueur du guide d'onde) doit être précis mais invariant temporellement, les filtres passe-tout constituent une solution idéale. Par contre, dans le cas où le retard est assujéti à varier dans le temps, alors les filtres interpolateurs de Lagrange restent un compromis très acceptable. Dans tous les cas, le modèle qui tient compte de toutes les améliorations présentées précédemment est celui présenté en figure 13.

Jonctions de N guides d'onde

  Le problème consiste à trouver une représentation adéquate afin de coupler plusieurs guides d'onde entre eux (voir figure 14). On attend d'une représentation acceptable qu'elle fournisse des principes d'assemblage similaire aux fameuses lois de Kirchoff en électricité.

   figure1103
Figure 14: Jonction de n guides d'onde

Nous avons vu au chapitre précédent comment les conditions aux limites pouvaient s'exprimer en terme de coefficients de réflexions et coefficients de transmissions (fig. 9). Une telle analyse peut être menée du point de vue du milieu 2; elle peut être également menée à partir du milieu 1. Au total, la jonction de deux guides d'ondes se caractérise par une liste de coefficients de transmission et de réflexions correspondant aux interfaces entre chaque milieu (i.e. entre chaque guide d'onde). L'extrapolation du raisonnement au cas de la jonction de n guides d'onde conduit à une matrice tex2html_wrap_inline2633 dont le terme (i,j) correspond au coefficient de transmission du milieu i dans le milieu j (et le terme diagonal (i,i) correspond au coefficient de réflexion du milieu i sur lui-même). La formulation explicite de la matrice dépend de la nature des signaux utilisés.

Les guides d'ondes permettent de représenter tout système physique dont une des grandeurs physiques est régie par l'équation des ondes. On a vu que l'élongation longitudinale d'une corde répondait en première approximation à cette équation. C'est également le cas des signaux de débit acoustique et de pression acoustique pour la propagation des ondes acoustiques planes dans un guide onde acoustique. De façon plus étonnante, le signal de puissance tex2html_wrap_inline2645 satisfait également cette équation.

Dans le cas des guides d'ondes acoustiques, les lois qui permettent d'obtenir les équations qui régissent l'interface de n guides d'onde sont celles qui concernent le débit acoustique et la pression acoustique:

  equation1159

      Ces équations, dans le cas des jonctions de deux guides d'ondes conduisent aux expressions suivantes en notant tex2html_wrap_inline2649 , coefficient de réflexion partielle ( tex2html_wrap_inline2651 et tex2html_wrap_inline2653 correspondent respectivement aux rayons des tubes 1 et 2):

  equation1170

Il est facile, quoique fastidieux, de calculer l'expression de la jonction de n guides d'onde acoustiques. Il apparaît que la jonction est alors caractérisée par n-1 coefficient de réflexion partielle.

Il est important de noter que les lois utilisées (eq. 25) correspondent à des jonctions sans pertes, c'est-à-dire que la jonction est neutre au niveau du bilan énergétique. En conséquence, les algorithmes de jonction ne peuvent pas introduire d'instabilités numériques qui conduisent les calculs à diverger exponentiellement. Il est possible au prix d'un complexité très grandement accrue d'introduire des termes de perte dans les jonctions connectant plus de deux guides d'onde. Par contre, il faut prendre garde de ne pas introduire dans le système des jonctions réactives qui ré-introduisent artificiellement de l'énergie dans le système, et peuvent conduire les algorithmes à exploser numériquement.

Liens avec les filtres en treillis

  Les chapitres précédants ont montré que les guides d'ondes était une alternative efficace pour simuler les systèmes régis par l'équation des ondes. De plus, ce type de synthèse s'insère très facilement dans la théorie du traitement du signal, parque les réseaux linéaires de guides d'ondes peuvent être représentés par des filtres en treillis (fig. 15). Or les filtres en treillis se prètent fort bien à l'analyse auto-régressive avec l'algorithme de Levinson.

   figure1211
Figure 15: Treilli élémentaire

Structurellement, un treilli élémentaire (figure 15) correspond à un guide d'onde élémentaire, avec une condition aux limites. Le passage du guide d'onde au treilli se fait par une opération simple appelée normalisation. La normalisation dépend de la nature des signaux véhiculés dans le guide d'onde, mais il existe toujours une normalisation qui permet de passer d'un guide d'onde (sans pertes) à un filtre en treillis et réciproquement. Cette correspondance entre les deux modèles à été développée dans les premières études sur le traitement de la parole (1970). Elle permet entre autre d'interpréter le résultat de l'analyse auto-régressive d'un signal de parole comme une modélisation du conduit vocal par un guide d'onde cylindrique de rayon variable.

Pertes viscothermiques

    Nous avons également vu dans le chapitre précédant que l'introduction de filtres passe-bas permettait de prendre en compte le caractère résistif de certains éléments acoustiques. Il est également possible de prendre en compte l'aspect dispersif de la propagation des ondes dans le guide d'onde en répartissant des filtres passe-bas dans la propagation du signal, c'est à dire dans la ligne à retard. Pratiquement les pertes à prendre en comptes dans un instrument à vent sont les pertes visco-thermiques. Elles interviennent essentiellement dans des longs tubesgif du type tuyau d'orgue. Dans ce type de tubes dit long, il n'est plus possible de faire une approximation faible pertes (voir chapitre gif). L'intensité des pertes viscothermiques est proportionnelle à tex2html_wrap_inline2670 , où f est la fréquence. En conséquence, il faut introduire un filtre numérique dont le gain s'atténue de 3dB par octave (la moitié du classique 6dB par octave), ce qui n'est pas standart. Donc pour introduire les pertes viscothermiques dans les guides d'onde, il faut répartir des filtres optimisés dans un certaine intervalle de fréquence, afin que le résultat de la synthèse soit acceptable dans le même intervalle de fréquence.

Synthèse de cordes de piano

Le professeur J.O. Smith a présenté en 1995 (ISMA95) un modèle très convaincant de piano. Chaque corde est représentée par un guide d'onde. En fonction de l'octave, chaque note est simulée par une, deux ou trois cordes couplées, excitées ensemble par la frappe impulsive d'un marteau. L'ensemble des cordes est couplée à la table d'harmonie. La synthèse se réalise en temps-réel sur une station de travail NeXT pilotée par un clavier MIDI.

Modèle d'excitateurs

          La modélisation complète d'un instrument de musique doit prendre en compte à la fois le système de propagation de l'onde acoustique, et aussi le phénomène qui est à l'origine de la production du son, c'est-à-dire, soit l'impulsion initiale (corde frappée, corde pincée, membrane frappée), soit le mécanisme auto-oscillant (corde frottée, anche simple, anche double), qui excite l'ensemble du système. Le système complet se décompose dans la grande majorité des cas suivant un ou plusieurs guides d'onde représentant les systèmes propagatifs et résonnants de l'instrument, couplés entre eux et avec un système non lin;eaire régissant les phénomènes transitoires et auto-oscillants. Tous les mécanismes entretenus, tels que le mouvement de la corde frottée par un archet de violon, ou bien le mouvement des cordes vocales, apparaissent alors comme des cycles limites, des attarcteurs étranges de systèmes non lineaires complexes.

   figure1269
Figure 16: Modèle non linéaire de trompette

L'étude des phénomènes auto-oscillants est loin d'être simple, et les phénomènes sont également loin d'être bien compris. Il est très facile d'obtenir des situations chaotiques, c'est-à-dire dans des situations, en général peu recherchées qui correspondent aux ``canards'' de l'instrumentiste. Le contrôle des paramètres est une tâche ambitieuse et très complexe. La théorie relève plus de l'automatisme (control system) et des mathématiques appliquées que du traitement du signal.

Les modèles d'excitateurs aujourd'hui répertoriés, étudiés et analysés sont aujourd'hui les anches simples, les anches lipales, l'interaction corde-archer, intéraction marteau-membrane ou marteau-corde. Les systèmes d'anche doubles continuent à poser beaucoups de problème de modélisation.

Le système (non-musical) le plus simple qui permet d'engendrer des auto-oscillation est le circuit de Chua (fig. 17 et fig. 18)

   figure1322
Figure 17: Circuit de Chua

   figure1376
Figure 18: Caractéristique de la diode de Chua

Restrictions d'utilisation


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Stephan Tassart
Fri Feb 7 19:19:14 MET 1997